SALTIMBANCO

Vidéo et costume, 2008
Série les indigents / 12 mn 50

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Une situation incongrue : une saillie. Sous couvert d’un clown malingre. Qui saute sur des bancs, sur des bouts, d’un carré de pelouse à l’autre, s’en faisant une scène ou un promontoire. Un bellâtre qui se déploie, s’époumone sans un mot, titube d’un trop plein que l’on ne saurait entrevoir. Un joyeux drille, joyeux maladif comme si ainsi, l’on pouvait fuir. Une allure muette qui distrait sans dessein palpable ; excepté peut être ce modeste abandon, cette errance feutrée qui saisit la maigreur dans sa démarche ou le regard dans son effacement. Le costume du saltimbanque ample à loisir, qui mime une chair, évite au regard la suspicion d’un gouffre quand le soubresaut ne semble s’apparenter qu’à un simple mouvement. Un comédien qui tantôt anime, tantôt oublie, abandonné à un cataclysme invisible. Un interprète du vide, qui meuble, chancelle d’un souffle à l’autre. Qui gesticule sans fin comme si le vivace pouvait s’y vérifier. Tant que mon petit orteil bouge, je ne suis pas mort.
Manifestement dans l’attente, entre l’angoisse et l’ivresse; visage et corps au regard écarquillé. C’est un fait qu’il joue de tout, qu’il jongle mais de quoi aurait-il plus de raisons de se prémunir, si ce n’est de cet autre, ce masque sans compassion, qui le somme et lui dicte sa décence, celle même ou il cesse de respirer. Celle ou ses gestes ne peuvent brailler de transe, celle ou les tambours n’existent pas, celle ou il ne peut même pas marquer son seul bien : son corps. Que n’a-t-il déjà acter pour forcer son échine à tressaillir au delà du délice commun ? Son regard se perd certes parfois mais c’est au moins l’objet de sa convoitise. Il est chétivement drôle quand soudainement une ivresse inconnue jusqu’alors vient le distordre en danse ou l’inciter à une gymnastique ostentatoire : Puisse t’il rire ou faire rire puisqu’il n’a pas la contenance souhaitable du viril. C’est son seul argument, pourtant plus ardent que nombre de préceptes. Le monde désastre est loin. D’ailleurs, il n’a jamais tenu que sur ses bords, quelques secondes, accroché à quelques garde-fous compréhensifs.
Le plus ardu, ce serait d’y revenir mais celui-ci ne lui a laissé aucun chemin praticable.

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Personnage / Edouard Sattolo
Costume > Pantalon, tunique, casquette et sac à dos en satin vert à pois noirs – tissu entièrement tamponné d’un motif festif.
Lieux de tournage > Champ, Maubeuge / Abords d’une rivière, Chavannes sur Suran / Teknival du 1er mai, Tool > France
Bande sonore > Nappe de base composée par Grégory Dufour, musicien (Nude) / samples > Jessika Laranjo

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Extrait :
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